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Aller à Compostelle, faire Saint-Jacques : quel Chemin choisir ?

Aller à Compostelle, faire Saint-Jacques : quel Chemin choisir ?

Le passage à la nouvelle année rime souvent avec « grandes résolutions, petits objectifs, nouveaux défis…» : alors ça y est, vous êtes décidés à prendre le Chemin, mais lequel ? Au fil des semaines, nous allons vous accompagner dans la préparation de votre voyage. Choisir un itinéraire, c’est au fond écouter son coeur… et son corps, mais aussi les conseils des amis, la voix de la raison, jeter un oeil à son budget…  

Aujourd’hui, on nous demande souvent : « Quel itinéraire dois-je choisir pour être pèlerin ? ». Ne soyez pas déçu, mais il n’y a pas de réponse formelle ! Autrefois, comme il n’y avait pas de transport en commun, le pèlerin partait simplement de chez lui. Ensuite il se dirigeait vers Compostelle par les centaines de cheminements qui descendaient vers les Pyrénées, balisés par des hospitaux où il trouvait feu, pain, et lit.

Faire le chemin de Compostelle, c’est partir de chez soi à pied et marcher vers la ville sainte. Contrairement à beaucoup de pèlerinages, pour lesquels seule compte la visite du lieu saint (Lourdes, par exemple), le pèlerinage de Compostelle se caractérise essentiellement par la notion de « chemin ». Car oui, on « fait le chemin » de Compostelle ! C’est le fait de marcher, c’est la longueur du trajet, c’est l’effort demandé au corps, c’est le spectacle de la nature, ce sont les rencontres… qui font la spécificité et la beauté du chemin de Compostelle.

Partir de chez soi

Le 7 janvier 2025, Georg a écrit sur le groupe Facebook Compostelle Par la Voie de Tours : « Bonjour, j’habite à 30 minutes du Mans (72). Est-ce que je peux commencer le chemin de St Jacques au Mans? Ou vaut-il mieux que je parte de Tours directement ? » Très vite, Irmelin lui a répondu : « Le mieux, c’est commencer chez soi…. C’est un sentiment indescriptible… Vous partez chez vous… » et Magali : « Vous démarrez votre chemin là où bon vous semble, le principal étant de rattraper rapidement une voie. » Partir de chez soi, c’est une belle option, et très symbolique, que de fermer sa porte un matin et de partir à pied sans se retourner vers une cathédrale située à 1000 ou 2000 km. La seule réserve à apporter est le fait que, avant de rencontrer un des grands itinéraires jacquaires balisés, on va cheminer seul, souvent sur des routes, et devoir se contenter des hôtels et chambres d’hôtes existants (si on ne bivouaque pas) ce qui représente un certain budget. Mais prenons l’exemple de Georg, nous sommes plusieurs a lui avoir conseillé d’attraper l’une des voies du Mont Saint-Michel qui rejoint la Via Turonensis à… Tours, en trois jours depuis Le Mans. Cet itinéraire, par exemple, s’appelle Le Grand Chemin Montois, il est balisé et l’association jacquaire Compostelle 72 saura le renseigner !

Les 4 voies principales en France

On trouve en France 4 itinéraires historiques principaux :
– La voie du Puy ou Via Podiensis, qui part du Puy-en-Velay (43 – Haute-Loire).
– La voie de Vézelay ou Via Lemovicensis, qui part de Vézelay (89 – Yonne).
– La voie de Tours ou Via Turonensis, qui part de Tours (37 – Indre-et-Loire) mais aussi de Paris (75).
– La voie d’Arles ou Via Tolosana, qui part de Saint-Gilles-du-Gard (30 – Gard).
Les trois premières voies se rejoignent à Ostabat, une étape avant Saint-Jean-Pied-de-Port, passent par-dessus les Pyrénées et descendent sur Roncevaux. Le chemin prend alors le nom de Camino Francés. La Voie d’Arles passe les Pyrénées au col du Somport, descend sur Jaca et rejoint le Camino Francés un peu plus loin, à Puente-la-Reina. Pour tous les détails sur ces itinéraires majeurs, rendez-vous sur notre site Internet, rubrique « Quel itinéraire choisir ? » et dans le guide de préparation au voyage Compostelle : Mode d’Emploi.

Il existe également des itinéraires secondaires, dans le sens historique du terme :
– Les chemins bretons, qui partent de l’abbaye Saint-Mathieu ou de la côte nord.
– Les chemins qui partent du Mont-Saint-Michel.
– La voie littorale, qui la longe la côte aquitaine à partir de Souillac.
– Le chemin du Piémont, qui longe les Pyrénées depuis Narbonne jusqu’à Saint-Jean-Pied-de-Port.

On trouvera aussi de nombreuses variantes de quelques étapes sur chacun des chemins, on peut citer par exemple :
– La voie de Rocamadour qui relie Figeac à Cahors (4 à 5 étapes).
– La variante qui relie Rocamadour à La Romieu par Agen (12 étapes).
– La voie du Célé, pour aller vers Cahors à partir de Béduer par la vallée du Célé (3 étapes).
– La via Arvena à travers l’Auvergne et le Quercy, de Clermont-Ferrand à Cahors (500 km).
– La Via Garona qui relie Toulouse à Saint-Bertrand-de-Comminges (160 km).

Chemin de Saint-Gilles, en Aubrac.

On trouve aussi des itinéraires de raccordement, qui permettent de rejoindre un des quatre grands chemins, venant de Bruxelles, de Maastricht, Schengen, d’Alsace, de Genève, d’Italie… et parallèlement, sur certains chemins, des branches où le chemin se divise en deux sur une dizaine d’étapes (la branche de Bourges et la branche de Nevers, sur le chemin de Vézelay ou la branche de Chartres et la branche d’Orléans au départ de Paris sur la voie de Tours). On trouvera en plus de ça, des itinéraires transversaux, qu’on pourrait aussi appeler chemins tertiaires ou chemins de liaison, qui relient entre eux des itinéraires majeurs : le chemin de Conques à Toulouse, le chemin vers Lourdes, le chemin de Saint-Antoine-l’Abbaye à Arles, le chemin de Stevenson qui va du Puy à Alès ainsi que le chemin de Saint-Gilles (ou voie Régordane) qui relie Le-Puy-en-Velay à Saint-Gilles-du-Gard. Enfin, pour terminer, il existe des bretelles qui rejoignent un chemin à partir d’une ville ou d’une gare proche de l’itinéraire (la bretelle de Mâcon à Cenves, où on rejoint l’itinéraire qui va de Cluny au Puy-en-Velay, la bretelle venant de Bâle qui rejoint le chemin d’Alsace, la bretelle qui relie Avallon à Vézelay…).

Le travail effectué par les associations et les bénévoles qui remettent à l’honneur ces anciens chemins est remarquable, mais souvent la fréquentation reste anecdotique tant les pèlerins ont du mal à quitter les itinéraires principaux une fois qu’ils ont posé le pied dessus. « Chacun est bien conscient qu’il faut donner du temps au temps, précise Jacques Clouteau, cofondateur des Miam Miam Dodo. Il a bien fallu trente années à partir des années 1990 pour que le GR®65 trouve la fréquentation qui est la sienne aujourd’hui ! ».

Faire son choix, faire son Chemin

Vous l’avez compris, entre les itinéraires principaux, secondaires, transversaux, de raccordement, et les branches, les bretelles… il y a forcément un itinéraire vers Compostelle tout proche de chez vous, disons au maximum à quelques jours de marche. Trainer sur Internet, sur les pages et forums dédiés, discuter avec d’anciens et de futurs pèlerins, vous permettra de prendre le pouls, de confirmer ou infirmer une tendance, mais vous aurez rapidement autant d’avis et de propositions… que de chemins.

Ce qui compte à notre sens, et de vous poser quelques questions essentielles : ai-je envie de marcher plutôt seul.e ou de partager avec (parfois beaucoup) de monde ce voyage ? Ai-je envie d’un itinéraire « symbolique » ou de sortir des sentiers battus ? Combien de jour et temps par jour je veux marcher ? Ai-je envie de parcourir un bout de grand chemin ou un chemin entier (potentiellement secondaire et plus court) ? Dans quels paysages ? A quelle saison ? … Finalement, au fur et à mesure de vos réflexions, l’étau va naturellement se resserrer et vous aurez trouvé… votre voie !

Les années saintes : de Compostelle… à Rome

La saison de votre départ peut être un critère essentiel dans le choix de l’itinéraire, comme peut l’être une année sainte ! Car « à année spéciale, itinéraire spécial » ! A chaque fois que la fête de saint Jacques, le 25 juillet, tombe un dimanche, ce qui se produit quatre fois tous les 28 ans, suivant une cadence 6-5-6-11 ans, l’année en question est décrétée « année jacquaire ou année jubilaire Compostellane » par l’autorité ecclésiastique. « Cette année là, la porte du Pardon, une des portes de la cathédrale de Compostelle, habituellement close, est ouverte aux pèlerins, et ceux qui la franchissent obtiennent moultes grâces en plus. Lors des années saintes, l’église d’Espagne et le gouvernement de Galice profite de l’événement pour attirer un maximums de pèlerins », précise Jacques Clouteau. L’effet de ces années saintes sur la fréquentation est ambivalent : certains pèlerins conscients de vivre une année exceptionnelle, profite de cette coïncidence pour effectuer leur pèlerinage ; d’autres effrayés par la prévisible cohue, s’abstiennent de partir et repoussent d’un an. Sachez que les prochaines années jacquaires seront en 2027, 2032, 2038, 2049, 2055…

Pèlerin face à la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne.

L’importance du culte jacquaire à Santiago et en Espagne, ainsi que son rayonnement en Europe, a en effet permis à l’Église de Compostelle d’obtenir des papes l’autorisation de célébrer sa propre année sainte, régulièrement et pour l’éternité depuis disons… le XIVe siècle car la date précise est encore discutée par les experts.

Rome 2025

À la veille de Noël, le pape François a inauguré l’Année sainte 2025 de l’Église catholique, grand pèlerinage international en ouvrant la « Porte Sainte » de la basilique Saint-Pierre, murée en temps ordinaire, symbolisant l’inauguration de ce « Jubilé 2025 », pour lequel 32 millions de fidèles du monde entier sont attendus à Rome durant l’année. Une année sainte est une célébration ordinaire destinée à raviver la foi des fidèles, qui a lieu tous les 25 ans.

Si on vous en parle (rappelez-vous : « à année spéciale, itinéraire spécial »), c’est que parmi ces millions de pèlerins, certains ont déjà prévu de partir de Rome… vers Compostelle, en empruntant la via Francigena. En effet, cet itinéraire comporte deux principales bretelles assurant son raccordement aux chemins jacquaires en Provence-Alpes-Côte d’Azur (la bretelle Rome-Vercelli-Montegnèvre et la bretelle par la côte Ligure Rome-Sarzana-Menton). Un sacré périple !

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