Compostelle : comment choisir ses étapes ?
Dans un précédent article de blog, nous vous avons accompagnés dans le choix de l’itinéraire. C’est désormais chose faite et 2025, sera l’année du départ sur un des nombreux Chemins qui mènent à Compostelle. Guide de randonnée en main, il est temps de découper ses étapes… Une préparation qui s’avère souvent un véritable casse-tête ! Mais pas de panique, voici quelques clés pour la réussir.
Se connaître
« Combien de kilomètres je peux marcher chaque jour ? » Voici la question la plus récurrente… et la plus angoissante au moment de préparer son itinérance. La réponse évidente serait : ça dépend ! Car oui ça dépend vraiment… de nombreux paramètres. Il y a autant de réponses que de personnes à qui on pose la question. En cela, les groupes Facebook associés au Miam Miam Dodo sur Compostelle ou la Voie d’Arles, la Voie de Tours, la Voie de Vézelay, le Camino Francés, sont une aide précieuse. Faites défiler les discussions et plongez vous dans les réponses, souvent nombreuses. Laura, par exemple, se demande : « Je compte faire une partie du chemin sur 10 jours cet été. Combien de km pour chaque étape recommandez-vous ? Sachant bien évidemment que cela dépend du niveau de forme physique. J’ai commencé a regarder et je me retrouve avec des étapes de 20km et plusieurs de 30km… Est ce que cela semble raisonnable ? ».
La forme physique est évidemment un critère essentiel, avec celui de l’âge. Vous devez vous connaître ou apprendre à vous connaître avant de partir sur le long cours. Ce que confirme Martin : « La longueur des étapes est donnée à titre indicatif. Vous pouvez modifier ( + ou -) en fonction de votre état se forme ». Vous avez donc le choix entre augmenter progressivement la distance entre deux étapes, ou faire ponctuellement des journées plus courtes pour récupérer. Ce que propose Ghislaine : « Je ne suis plus très jeune (77 ans), j’ai fait le chemin l’an passé. Après une longue étape, il faut alterner avec une étape récupération ».Jean-Michel ajoute : « Couper une très longue étape permet de se reposer l’après-midi et faire le point sur votre état de fatigue. Ne forcez pas au début, écoutez les messages de votre corps. Vous n’êtes pas dans la compétition. Personne ne vous reprochera un moment de faiblesse. Gardez vos forces pour les tronçons comme la traversée de l’Aubrac qui ne sera pas difficile mais très longue (trois jours ou deux et demi si vous êtes en forme ».
Un parcourir adapté à vos capacités
La question du temps qu’on a pour « aller à Compostelle » est une fausse ou une mauvaise excuse pour faire des étapes trop longues… qui pourraient causer votre perte physique ! Il faut garder en tête ce que vos capacités physiques peuvent vous permettre de parcourir quotidiennement. Ainsi, sera déterminée votre itinéraire global, et surtout votre ville d’arrivée, plutôt que l’inverse. On nous a rapporté l’histoire d’un Hollandais accueilli sur la Voie de Tours en 2023, au sud de Poitiers, et dont la femme avait « autorisé » un Chemin de Compostelle depuis chez en lui à condition qu’il ne parte pas plus deux mois… L’homme, ancien militaire et très affûté, parcourait ainsi 50 km par jour. Autant dire qu’il n’avait pas le temps de faire du tourisme ! Alors à chacun son rythme. Certains marchent de village en village, certains 15 km, souvent 20 voire 25 km, rarement 30 à 40 km. Vincent confirme : « 20 km par jour c’est bien. 30 km c’est beaucoup. Il faut y aller progressivement ».
Dominique a de sages mots : « Je vous conseille d’aller à votre rythme en écoutant votre corps…pour ma part j’ai effectué le chemin du Puy à Santiago en 68 jours en prenant en tout et pour tout deux repos d’une journée soit une moyenne de 23 à 24 km par jour …avec des étapes à plus de 30 km et d’autres de moins de 20 km (18 km)… Sur le chemin l’important n’est pas le nombre de kilomètres que l’on effectue chaque jour mais de se laisser porter, ne pas se contraindre à un calendrier et prendre le temps de s’imprégner de ce qui nous entoure et des rencontres que l’on fait ». Nous partageons largement cet avis, tout comme Stéphanie : « Je pars au mois de mai pour mon premier chemin, on m’a conseillé de faire des étapes de 20 km, ça laisse le temps de découvrir les paysages, les villages les églises en prenant le temps de s’arrêter où on veut, profiter de l’endroit. Les chemins de Compostelle ce n’est pas une course, il faut prendre soin de soi ».
Le sac à dos, l’ennemi devenu ami
Le poids du sac à dos est également un critère à prendre en compte, même si beaucoup racontent qu’entre 7 et 10 kg, on finit par « l’oublier » au fil des jours. « Il faut 3 à 4 jours pour que le corps s’habitue sur le chemin après ce n’est que du plaisir et de bonnes aventures. Pour les grandes randonnées du chemin de St Jacques, on dit « je ne fais pas le chemin c’est le chemin qui me fait« », reconnaît Michel. « Le sac, c’est bizarre comme sensation. Il fait partie de ce parcours. Le soir on est content de le poser mais le matin partir sans … ce ne serait pas là même chose. Bien entendu il faut bien le régler et qu’il soit de qualité. Il se bloque sur les hanches avec la ceinture ventrale, est un peu dissocié du dos pour la ventilation et confort aux épaules. Mon sac… je ne sais pas si j’aurais le même plaisir à marcher sans. Et surtout ne pas oublier les bâtons », témoigne non sans émotion Robert.
Prévoir les erreurs de direction et la météo
En bon pèlerin qui se respecte, le nez dans sa carto ou la tête dans les nuages, vous louperez forcément à un moment ou un autre le balisage ! Et vous en prendrez au mieux pour quelques mètres de plus… au pire quelques kilomètres ! Et là, quand on a déjà 17 ou 20 kilomètres dans les jambes, le moral en prend un coup. Une solution : ménagez-vous et ne soyez pas gourmand, en vous disant que même si une erreur survient, vous ne finirez pas sur les rotules votre étape.
Jean-François prévient : « Prendre en compte également la météo ! Un chemin avec de la boue ou une descente glissante ce n’ est pas pareil que de la route… » On pourrait ajouter « ou sous une chaleur accablante ». Il n’a pas tort : si l’étape est longue et devient laborieuse, elle va tourner au calvaire. Analysez bien la carto au moment de découper votre itinéraire : le kilométrage n’est pas le seul critère à prendre en compte, pensez au dénivelé et au type de chemin.
Et si finalement, vous n’y êtes pas : pas de panique. Appelez votre hôte, il aura certainement la gentillesse (moyennant finance ou pas) de venir vous chercher. Il existe aussi des organisme spécialisés dans le transport de randonneurs (La Malle Postale, par exemple) ou des chauffeurs de taxi qui peuvent venir vous chercher.
Prendre du temps de visiter ?
Calculer ses étapes, c’est aussi s’interroger sur la forme que l’on veut donner à sa journée, en somme savoir pourquoi on fait ce chemin. Si le défi est sportif, alors vos étapes seront plus longues, si vous souhaitez allier plaisir et découvertes patrimoniales, ou si vous aimez faire une sieste, discuter en chemin, ou le soir dans l’hébergement…, alors il faudra viser moins de kilomètres !
Trop pressés de partir ou d’arriver, ou parce qu’ils ont beaucoup de kilomètres à faire, certains pèlerions ne prennent pas le temps de visiter le petit patrimoine en chemin ou les villages dans lesquels ils font escale. C’est dommage. Le GR65, par exemple, regorge de lieux à découvrir. C’est aussi pour cela que nous avons créé la collection Compostelle Visite Guidée, qui fait découvrir les chemins de Compostelle d’une toute autre manière (en 4 tomes, du Puy à Roncevaux). Découvrez l’immense richesse de la Via Podiensis : son histoire et ses légendes, ses monuments d’exception, ses spécialités locales, ses festivités, ses milieux naturels, ses savoir-faire et traditions culturelles… tous ses secrets ! Marie témoigne : « Prenez le temps de visiter le Puy-en-Velay, ça vaut le coup. Beaucoup de pèlerins regrettent de ne pas avoir le temps avant leur départ. Certains reviennent même au Puy après leur chemin pour profiter de ce site. Le matin, avant votre départ à 7h, je vous conseille vivement d’aller à la cathédrale pour la messe avec la bénédiction des pèlerins, c’est un grand moment de spiritualité. Ensuite, le départ est magique après l’ouverture de l’escalier du ventre. C’est un moment inoubliable et unique. Conques est aussi un village à visiter absolument ».
Dans les guides Miam Miam Dodo : un tableau de préparation des étapes
Il est difficile, pour un marcheur novice sur le chemin de Compostelle, de connaître à l’avance ses capacités physiques et le nombre de kilomètres qu’il pourra parcourir chaque jour. D’autant qu’à l’aune de sa fatigue ne se présentera pas forcément un hébergement, ou alors une auberge qui ne correspondra pas à son budget. Voilà pourquoi le Miam Miam Dodo a mis en place un tableau qui donne, tous les kilomètres la position des hébergements !Il y a sept colonnes correspondant au nombre de kilomètres qu’on est capable d’avaler chaque jour (de 12 à 30 km). Le calcul des étapes devient alors un jeu d’enfant.
Prenons notre cas : une partie de l’équipe du Miam Miam Dodo se rend sur le GR65 en septembre prochain. Avec des âges, des envies et des capacités différentes, mais aussi par nécessité de prendre le temps sur le Chemin de discuter avec les pèlerins, les hébergeants, les offices du tourisme…, et de faire quelques photos pour les archives, elle s’est fixée une moyenne de 15 km par jour sur 6 jours de marche. En partant du Puy-en-Velay, elle pourra donc dormir à Montbonnet (17,4 km) le premier soir et à Monistrol-d’Allier le deuxième soir (13,8 km). Le troisième soir elle fera halte à Saugues avec 2 km de moins en moins sur son étape (11,8 km)… puis Chazeaux (14,6 km), puis Saint-Alban-de-Limagnole où là il faudra resserrer les dents et marcher 17,3 km. Le sixième et dernier jour sera parfait avec 15 km au compteur jusqu’à Aumont-Aubrac. Merci le calculateur et la carto dans le guide Miam Miam Dodo qui permet de savoir à la centaine près la distance !
On trouve aujourd’hui un hébergement quasiment tous les 8 km sur certaines sections, ce qui permet à chacun de planifier son chemin selon sa fatigue, sa force physique ou sa volonté personnelle d’aller ou moins vite.
Laissons le témoignage de la fin à Bernard : « Tout se passera bien. Évitez de suivre les étapes, de suivre. Suivez votre rythme, détendez-vous, faites des pauses, savourez. J’ai marché 5 mois sur le chemin de Santiago en 2023 et 6 semaines sur le chemin du Puy en Velay à St Jean-Pied-de-Port en 2024. Ne stressez pas avant le départ. C’est pas de la rando, ni de la compétition, ni de la performance. C’est une marche unique ».
→ Dans un prochain article, nous reviendrons sur l’importance de la préparation physique… et mentale dans l’entreprise d’une randonné itinérante.