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Marcher en solo VS. en groupe sur le chemin de Compostelle : un voyage intérieur ou une odyssée sociale ?

Marcher en solo VS. en groupe sur le chemin de Compostelle :
un voyage intérieur ou une odyssée sociale ?

Au début de chaque aventure, le pèlerin se tient au seuil de choix importants. L’un des dilemmes cruciaux est de décider s’il préfère arpenter les chemins solitaires ou si l’appel de la compagnie l’attire. C’est une question qui résonne dans chaque craquement de feuille sous les pas et dans le murmure du vent à travers les arbres. Alors, avant de se lancer sur le Camino, il est temps de plonger dans la question éternelle : marcher en solo ou en groupe ? Et bien tout d’abord, tout dépend du chemin choisi, et du contexte de votre cheminement. 

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Marcher en solo : une conversation intime avec le Chemin

Marcher seul(e) sur le chemin est comme ouvrir un vieux livre, se laisser emporter par chaque mot et chaque virgule sans interruption. C’est une conversation intime entre le pèlerin et le chemin. Le chemin, c’est justement l’endroit idéal pour faire le point, avancer sur soi, penser à sa vie. La solitude favorise la réflexion profonde, offrant une connexion plus profonde avec soi-même et le monde qui nous entoure. S’en priver c’est se priver d’une partie de l’expérience du pèlerinage de Compostelle.

La liberté est la compagne constante du marcheur solitaire, qui peut décider de s’arrêter pour contempler un paysage envoûtant ou pour simplement écouter le doux chant des oiseaux.  Que vous partiez seul(e) ou en groupe, votre rythme ne sera pas le même que celui de vos compagnons : vous risquez donc de toute manière de vous retrouver seul(e) par moments sur le chemin. Cependant, la solitude peut aussi être un défi.  Près de 20% des pèlerins solitaires mentionnent le sentiment d’isolement comme l’un des défis majeurs, selon une enquête menée par la Fédération Française de la Randonnée.

Curieusement, cette option fait peur : peur de la solitude, de ne pas savoir organiser son voyage, de rencontrer des problèmes sur le parcours, etc… Alors qu’en fait, c’est souvent l’option qui offre le plus d’opportunité de ne pas être seul ! On dit souvent : sur le chemin, on n’est jamais seul(e). Très rapidement, dès les premières étapes, on rencontre dans les gîtes d’autres pèlerins, on dîne ensemble, on marche avec eux, on commence à partager des moments : cafés, repas, discussions. Alors c’est tout naturellement que le lendemain d’une étape, on demandera à telle personne si elle souhaite que l’on chemine ensemble. C’est aussi tout naturellement qu’on préservera sa liberté si l’on ne se sent finalement pas en accord avec l’autre. Soit parce qu’il marche trop rapidement pour vous ou l’inverse, qu’il parle trop pour vous…. Et rien n’empêche de vous retrouver le soir et partager votre journée à ce moment là au gîte.

Pour les pèlerines, partir seule peut aussi être source d’inquiétude. « Avec tout ce qui se passe… » entend-on. Et bien, sachez que sur le chemin de Compostelle, il ne se passe quasiment rien. Bien sûr on ne peut pas parler de risque zéro, mais les témoignages de comportement déplacé vis à vis des femmes restent extrêmement rares. Le chemin est une grande famille où tout le monde se connaît et se protège. Le moindre personnage suspecté de visées peu morales serait rapidement repéré et dénoncé aux autorités. Cette sécurité du chemin porte ses fruits : 50% des pèlerins sont des pèlerines ! Alors, future pèlerines, n’ayez aucune crainte et lancez-vous.

 

Marcher en groupe : les pas qui s'entrelacent avec l'amitié

À l’autre extrémité du spectre, il y a la joyeuse cacophonie des pas qui se synchronisent. Marcher en groupe crée une communauté instantanée, un réseau d’amis qui partagent la même passion. Selon des statistiques compilées par les associations des Amis de Saint-Jacques, plus de 60% des pèlerins choisissent cette option. 

Nombre d’annonces fleurissent sur les revues, les forums internet, les groupes Facebook  où tel pèlerin partant le 3 juillet de Conques recherche un compagnon de route jusqu’à Moissac. Cette solution est la plus sécurisante pour la personne qui veut absolument être accompagnée sur son chemin. Mais elle n’offre aucune garantie, à part le fait que les deux compères feront le premier pas au même moment. On rencontre aussi beaucoup de pèlerins marchant en couple. Ce peut être de jeunes couples qui testent ainsi la solidité de leur amour devant les inévitables difficultés du chemin, avant de s’engager ensemble dans une vie de famille. Il est vrai que la vie quotidienne sur le chemin de Compostelle est un résumé de la vie quotidienne dans une existence sédentaire. Vous pouvez aussi partir en famille ou entre amis, bien souvent le groupe en sortira grandi et les liens resserrés. 

La dynamique sociale peut être une source incroyable de motivation, particulièrement lorsque le chemin devient ardu. Les rires partagés, les conseils échangés et les moments de repos ensemble créent des souvenirs indestructibles. Cependant, cela vient avec son propre ensemble de défis. Pour ce qui est des grands groupes (plus de 4), attention, tout dépend (encore) du chemin emprunté ! En effet, sur les chemins très fréquentés comme le GR®65 par exemple, durant la haute saison, il sera nettement plus complexe de trouver un gîte qui pourra accueillir votre groupe entier, à moins de prévoir une logistique spécifique (tentes ou hôtels).  En France, nombreux sont les gîtes d’une dizaine de places maximum. Les places sont donc réduites et il est plus difficile pour les groupes de réserver. C’est moins le cas en Espagne où les gîtes sont plus spacieux et où les albergues peuvent accueillir parfois jusqu’à 150-200 pèlerins pour la nuit !

Le chemin vous parle, écoutez votre coeur

Chaque pèlerin, comme chaque chemin, est unique. Certains chercheront la solitude, plongeant profondément dans leur propre monde, tandis que d’autres chercheront la compagnie, trouvant la force dans l’unité. Certains jours, les pas résonneront solitairement, et d’autres jours, ils s’entremêleront avec le rythme du groupe.

Alors, quel est le meilleur choix ? C’est une question qui ne peut être répondue qu’en écoutant les murmures du cœur. Peut-être que la réponse réside dans l’équilibre, dans la danse subtile entre la solitude et la compagnie. Chaque pas sur le Camino est une page tournée dans le livre de votre propre aventure, et le choix entre le solo et le groupe est le stylo qui écrit cette histoire. Que le chemin guide votre décision, car chaque pèlerin, chaque pas, est une pièce unique dans cette mosaïque extraordinaire du Chemin de Compostelle.

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