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L’histoire, le patrimoine et la culture du chemin de Compostelle

L'histoire, le patrimoine et la culture du
chemin de Compostelle

Qu’est-ce qui donne envie à tant de gens de se lancer sur le chemin de Compostelle ? Et bien, c’est certainement dû en grande partie à son histoire, et aux richesses patrimoniales et culturelles qui jonchent le chemin. Découvrez dans cet article l’histoire du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, et si l’envie vous vient, nous vous proposons de découvrir la mythique Via Podiensis, voie de pèlerinage la plus fréquentée, d’une manière différente.

L'histoire du pèlerinage vers Compostelle

Jacques, un des douze apôtres du Christ, est le fils de Zébédée, patron-pêcheur sur le lac de Tibériade, et le frère de Jean le futur évangéliste. Peu après la Pentecôte, où il reçoit le don des langues, il part christianiser la terre d’Espagne. Son discours doit être peu convaincant, puisqu’il revient en Palestine quelques années plus tard, ayant à peine converti à la Foi nouvelle une dizaine d’Ibères. 

Comme Jacques se montre peu enclin au compromis, avec les Juifs traditionalistes comme avec les Romains, parvenant même à convertir certains de ses ennemis, Hérode Agrippa le fait arrêter et décapiter. Ses compagnons embarquent alors sur un vaisseau avec le corps de Jacques et prennent le large pour revenir enterrer leur ami en Terre d’Espagne. Porté par les courants et les vents, le vaisseau s’échoue sur une plage de Galice, près de la ville d’Iria Flavia, actuellement Padrón.

La reine du pays, qui porte le joli nom de Louve, contraint ces étrangers à faire des choses dangereuses, comme de chasser le dragon (espèce aujourd’hui protégée), ou d’atteler le char transportant le cercueil à des taureaux sauvages, avant de leur accorder enfin l’autorisation d’enterrer le malheureux à cinq lieues de là. Louve se convertit devant les miracles accomplis.

À cette période, sous administration romaine, il est interdit aux chrétiens, sous peine de mort, d’aller honorer les sépultures de leurs martyrs. Alors, peu à peu, la mémoire du tombeau se perd, d’autant que de nombreuses invasions font régner en Hispanie une insécurité permanente : les Wisigoths venus du nord, puis les Maures venus du sud. Huit siècles s’écoulent ainsi, et Jacques repose en paix près du Cap Finisterre. Il repose même tellement que tout le monde a oublié sa tombe. Peut-être se raconte-t-on dans les chaumières galiciennes une vieille légende sur un apôtre du Christ qui serait enterré là, aux alentours, quelque part dans un sanctuaire de marbre caché sous les fougères…

En 813, c’est-à-dire à l’époque de l’empereur Charlemagne, des phénomènes surnaturels se déroulent à l’endroit où dort l’apôtre. On parle notamment d’apparitions de lumières, ou d’étoiles, dans la nuit, à la verticale du mausolée enfoui. L’évêque d’Iria Flavia, Théodemir, intrigué, fait effectuer des fouilles. On exhume alors ce qu’on pense être les restes de Jacques. 

À la nouvelle de cette trouvaille, c’est un cri de joie dans toute la Chrétienté. Après la découverte à Rome de la tombe de Pierre, et donc pour la seconde fois depuis la mort du Christ, huit siècles plus tôt, on découvre les restes de l’un des douze apôtres. Aussitôt s’élève une basilique sur le tombeau, et bientôt se précipitent les foules accourues de l’Europe entière pour toucher et adorer les précieuses reliques.

Les premières décennies du pèlerinage ne sont pas très sûres pour les voyageurs, car les Sarrasins sont proches, multipliant les raids sur cette étroite frange nord de l’Ibérie qui n’est pas sous leur domination. En 997, l’émir de Cordoue Al Mansour fait une telle razzia sur la Galice qu’il ne reste plus rien de la ville et de la cathédrale de Compostelle. Cependant il respecte le tombeau du grand marabout Santiago, vers lequel affluent tant d’infidèles…

Progressivement, en dépit des dangers, se met en place une formidable organisation religieuse et commerciale qui va gérer le pèlerinage. D’un côté les Rois et l’Eglise, qui voient d’un bon œil affluer les pèlerins, chrétiens cherchant leur salut, mais aussi porteurs de dons, et de richesses. De l’autre les aubergistes et marchands de souvenirs, qui voient déferler des milliers de pigeons à plumer. De temps à autre, les autorités ecclésiastiques ou civiles sont obligées de faire la grosse voix, lorsqu’on tond trop le pèlerin qui n’a souvent pas le choix. En 1500, déjà, à Compostelle, il était fait obligation aux tenanciers d’afficher leurs tarifs… 

Il faut également faire la police parmi les pèlerins, car certains ne prennent la route que pour vagabonder dans le royaume et vivre aux frais des monastères. Les derniers souverains français encadreront d’une façon de plus en plus sévère les candidats au Voyage, au point de tarir lentement le flot des marcheurs.

Des centaines d’hospices, de monastères, d’hôpitaux, s’élèvent sur la route, afin d’offrir un abri au pèlerin. Un des plus célèbres se situe au cœur de l’Aubrac, sur un plateau glacé l’hiver et alors fort boisé. Toute la nuit, par les soirs de brume, un moine sonnait la cloche afin d’indiquer le chemin au marcheur perdu. La cloche d’Aubrac a sauvé plus d’un pèlerin de la mort par le froid ou la dent des loups. 

Ces établissements sont tenus par des religieux, des confréries civiles, ou bien des ordres de moines-chevaliers comme les Templiers, l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem, ou encore l’Ordre des chevaliers de l’Epée Rouge de Santiago. 

Les donations que font les riches pèlerins enrichissent l’abbaye et permettent de ravitailler le pauvre, qui n’a que ses deux pieds à offrir au Seigneur. Les moines-guerriers, pendant ce temps, accompagnent les pèlerins, font la police du chemin et alimentent les gibets en malandrins.

En effet certains bandits de grand chemin se déguisent quelquefois en jacquets pour mieux les détrousser. Il suffit d’un grand manteau, d’une besace, d’une coquille, de quelques papiers plus ou moins falsifiés et d’une ou deux prières en latin pour faire bonne figure au milieu d’une troupe de pèlerins et les entraîner dans un guet-apens. On les allégera alors de toutes leurs piécettes et on les occira quelquefois définitivement.

Des milliers d’auberges et d’hôtelleries se mettent en place sur le chemin, et les pèlerins se refilent les bonnes adresses, les monastères sympathiques, les tables gourmandes, les meilleures barriques, les servantes faciles, les lits bon marché. Il existe, en plein cœur du Moyen-âge, plusieurs guides décrivant dans le détail les mille et une possibilités des gîtes, les us et coutumes locaux, les endroits où les lits sont de paille ou de plume, les bouges à éviter car la vermine y pullule, les différentes reliques à adorer en chemin, les changeurs de monnaie honnêtes et les bandits qui vous entourloupent trois sols pour deux livres et demi, les raccourcis du camino, les quelques mots nécessaires au pèlerin flamand pour quémander sa tortilla, etc… 

Par ordre du roi de Castille, ou encore à l’initiative des monastères, les routes sont améliorées, les ponts sont lancés sur les fleuves et les torrents. Au 12ème siècle, on construit même à Ponferrada le premier pont métallique de toute l’Europe. Le chemin de Saint Jacques, outre son aspect religieux, devient un grand axe commercial entre le nord de l’Espagne et le reste de l’Europe.

Une fois qu’il a pris la route, le pèlerin dispose d’un statut particulier, qui fait de lui un citoyen privilégié. Il est pratiquement en extra-territorialité. Il possède un passeport de pèlerinage, que lui a remis son évêque, et ce passeport lui donne accès à titre gratuit à tous les hospices, couvents, monastères, qui veillent sur la route. Dans ces établissements, on lui lave les pieds, et lui assure gîte et couvert pendant une nuit l’été, et trois nuits l’hiver. Le pèlerin ne paie pas de droit de péage, car nombre de routes sont alors taxées, ni de droit de pontage, car les ponts sont rares à cette époque, et constituent une source de revenu pour le seigneur local. Ils ne paient pas non plus le passeur qui fait traverser les rivières sur un bac. Tout ceci est très théorique, car dès que la maréchaussée a tourné le dos, les gardiens de guérites et les bateliers exigent le bakchich, faute de quoi ils interdisent au voyageur de poursuivre sa route. Comme le marcheur est souvent seul, loin de chez lui, qu’il ne parle pas le français, le basque ou le castillan, qu’il ne possède pas de carte routière, il est souvent obligé de se soumettre et d’ouvrir sa bourse.

Les jacquets arrivent par fournées entières, et ça dure des siècles, avec des hauts et des bas dans la fréquentation. Les périodes de paix et les mois chauds apportaient plus de mille personnes chaque jour sur le chemin, qu’il fallait loger et nourrir, soigner et enterrer quelquefois. Les guerres et les épidémies tarissaient le flot. Les années où sévissait la peste, les villes fermaient leurs portes, et interdisaient à tout étranger de pénétrer sur leur territoire. La Réforme également voit la moitié du monde chrétien tourner en dérision ces superstitions d’un autre âge. Et le Schisme de l’Eglise Anglicane va interdire aux pèlerins britanniques l’approche des Saintes Reliques.

A partir du 18ème siècle, le chemin de Saint Jacques tombe quelque peu en désuétude et les pèlerins se font plus rares. La grande foi du Moyen-âge a perdu sa flamme. La Révolution Française, puis le 19ème siècle et sa révolution technologique, voient cesser presque complètement l’afflux de pèlerins. Avec l’extension du réseau de voies ferrées, le voyage à pied devient quelque chose d’anachronique, qui n’attire plus grand monde. Quelques pèlerins se pressent encore à Compostelle, mais ils sont venus en automobile, en autocar ou en train. 

Un chiffre retient l’attention : du 10ème au 17ème siècle, les livres de comptes des monastères rapportent que 200.000 à 500.000 personnes par an parcouraient le chemin, dans les deux sens, venant de toute l’Europe chrétienne… L’hospice de la Domerie d’Aubrac, une des plus célèbres haltes des pèlerins au cœur du Massif Central, accueillait chaque soir une centaine de voyageurs, et le monastère de Roncevaux servait chaque année 30.000 rations. Certains de ces chiffres sont aujourd’hui remis en question par des chercheurs, mais peu importe, reste ce rêve merveilleux qui a poussé des millions de gens, pendant douze siècles, à faire le plus beau voyage de leur vie.

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À vous qui aimez voyager, puisse la Via Podiensis vous combler de belles et passionnantes aventures.

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